Samedi 12 octobre, le seul conseil du jour qui vaille « Sortez couverts ! ».

Des rouges grenadine, des verts anis, des jaunes citron, des bleus lagon … et même des cacas d’oie, il y en a pour tous les goûts. A la queue leu leu, têtes enfilées dans les capes, chacun, chacune se protègent comme il peut. Ce n’est pas facile d’avancer quand on a le haut enserré et le bas embourbé !  que d’eau ! que d’eau ! Passons au programme du jour. Borrèze … même le GPS a hésité, village-départ de notre ronde, l’accueil est un peu mouvementé, moment de flottements, toute l’Accro dream team n’est pas badgée ni « tee-shirtée ». La faute aux palois pressés qui, ayant pris sur notre quota, sont partis sans se retourner ! ça commence bien ! 8 km de mises en jambe, le Périgord Noir n’est que l’ombre de lui-même.

De la boue jusqu’aux genoux , des sous-bois détrempés, des champignons écrasés, heureusement que les petites flèches rouges sont là pour nous guider. Paulin, première étape où il fait bon se réconforter … c’est déjà mouillés jusqu’aux os  que l’on reprend la rando. 7,6 km de plus au compteur, et voilà le premier de la série se terminant en –ac : Nadaillac. Lieu de « dégustation chaude » comme il est écrit sur le badge, nous avons hâte de découvrir ce qui se cache derrière ces mots suggestifs. Encore faut-il se frayer un chemin pour arriver à atteindre le petit bol plastique dans lequel fume une soupe à la tomate énergétique. Sur du pain, du pâté, quelques morceaux de magret,  un petit bout de cabécou, le tout arrosé d’un gros vin rouge qui tache … les joues commencent à rougir, il faut repartir. A travers les vitres, la pluie tombe sans discontinuer, pas le temps de faire sécher nos vêtements tout mouillés,  nous sommes là pour nous amuser ! 7,3 km Jayac, 5,4 km Archignac ! pour aujourd’hui ce sera tout ! 28,3 km, soyons précis ! Après l’effort, un dernier réconfort, et nous voilà à notre gîte d’étape « Bourgeade » à Pouch. Même sous la pluie, c’est joli ! quelques unes ont pris un raccourci et sont déjà là attablées devant un thé fumant, Nathalie vêtue par l’autre Nathalie n’arrête pas de courir après Jean-Marie pour récupérer ses habits, deux cheminées allumées sont vite utilisées comme sèche linge … et godillots tout crados ! des chambres il y en a en haut , en bas, au sous-sol, mais pas suffisamment … la faute aux palois !

Nos charmants hôtes qui en ont vu d’autre ne s’affolent pas, deux filles sur des lits d’appoint dans le salon,  dans la mezzanine des Canourgues notre Lulu tapie tout au fond !  Pour ceux qui ne sont pas encore logés,  pas de souci, chez les voisins il y a encore des lits ! Malgré les vicissitudes de la journée, après une douche bien méritée,  les corps reprennent vie, nous repartons pour une nuit de folie ! Un grand chapiteau noir de monde, des producteurs qui profitent de l’occasion pour vendre leurs produits de saison, les couacs d’un orchestre motivé mais pas vraiment accordé, quelques pas de danse lourds et ébauchés, un apéro qu’il faut chercher, à l’unanimité nous partons dîner au restau La Terrasse à Salignac. Encore une fois, à la table principale il n’y a pas assez de places, cette fois nous gérons, à côté les palois sont installés. Dans la même salle, un groupe agenais, dîner entre lot-et-garonnais ! Cette soirée, nous l’avions évoquée dans la journée, nous devions sur les tables nous défouler, bref ! tout casser ! 22 h 30 c’est à peine si de nos chaises nous pouvons nous lever ! un seul but : se coucher pour récupérer !  

Dimanche 13 octobre, malgré quelques têtes un peu chiffonnées, tout le monde est levé pour finir cette ronde inondée !  Si l’atmosphère est brouillée par la brume,  la pluie, elle, a cessé. Il n’en faut pas plus pour que notre paquetage soit allégé, même Christian a mis un pantalon léger faisant apparaître des chaussettes blanches du plus bel effet ! Les têtes décapotées, les visages à l’air frais, les langues sont actionnées, enfin on peut communiquer !  7,9 km et nous voilà à Saint Geniès. Outre son ensemble architectural couvert de lauzes, son petit marché dans lequel on n’a malheureusement pas le temps de s’égarer, il se dégage de ce village une douceur de vivre … mais seulement quand nous serons tous de « vrais » retraités ! Même si les chemins sont toujours aussi « bouillasseux », nous retrouvons l’envie de lire les nombreux panneaux informatifs sur l’histoire des villages traversés, ici les noyeraies, là la voie de chemin de fer désaffectée, etc …  Encore 5,5 km pour arriver à Saint Crépin, lieu de rendez-vous « calorique» !

Chaud devant ! à croire qu’une grande partie des 2 300 randonneurs annoncés sur les 2 jours s’est donnée le mot, la salle est pleine à ras bord. Du salé, on n’en manque pas, mais point de sucré, « ce n’est pas l’heure » nous dit l’organisation, les crêpes, c’est sûr, vous les aurez à l’arrivée.  A la sortie de St Crépin, dans un vallon humide, une charmante demeure attire la curiosité. Après avoir invité les randonneurs à franchir le portail d’entrée, le propriétaire très loquace n’hésite pas à parler de son château, l’œuvre de toute une vie qu’il ne peut imaginer quitter ne serait-ce qu’un seul jour de l’année ! Ce n’est plus une maison, mais une prison … dorée, tout de même !  Le groupe commence à s’étaler, les jambes à peser, les douleurs à se réveiller … il ne reste plus que 6,2 km pour joindre Salignac et ultime tronçon, 7,5 km pour arriver à Borrèze, notre lieu de décollage et d’atterrissage… où nous attendent les crêpes espérées ! de dessert, nous sommes privés … par des « morfales » sans morale, c’est pas grave ! nous nous contentons des merveilles aussi  gustatives que bourratives !  L’heure du bilan est arrivée : nous sommes partis 24, nous avons (presque) tous marché 55,4 km en 2 jours, avec un dénivelé positif de 1 091 m … diplôme en poche, la boucle est ainsi bouclée, la ronde clôturée … nous pouvons le prouver ! 

 

Récit d’Annie, marcheuse d’Accro Rando