SEJOUR EN ARAGON  « LA SIERRA DE GUARA »

Jeudi 05 mai 2016 – Alquézar

Remplis d’énergie, de très bonne heure nous voilà partis. Même la somnolence de la serveuse du bar de Seissan n’arrive pas à nous démotiver. Entre débordement de lait et passage de la serpillière sur le plancher, elle arrive quand même à nous servir nos cafés ! Alquézar apparaît ! son label «un des plus beaux village d’Espagne » n’est pas volé … l’heure de déjeuner est dépassée, sur un parking éloigné nous pique-niquons, ce n’est qu’après s’être sustentés que nous aviserons !  Une fois démarrés, plus rien ne peut nous arrêter, même pas l’absence de bâtons qui, pourtant, auraient été parfois très appréciés. Le Rio Vero au lit enchâssé dans la roche nous offre ses eaux émeraudes et nous invite même à le traverser. Pas le choix, nous devons y aller ! chaussures aux mains pour les plus audacieux, chaussures aux pieds pour les moins courageux.  L’adversité ne vient pas de l’eau émeraude pas très chaude, mais des cailloux qui n’ont de cesse de nous mettre à genoux.  Sous leur apparence de ne pas y toucher, ces galets agressent fortement nos plantes de pieds. A l’issue d’une quinzaine de gués, les va-nu-pieds sont épuisés… mais secs ! les bottés sont guillerets … mais mouillés !  Pour s’extraire de cette remarquable enclave naturelle, une seule voie : les passerelles suspendues au dessus du vide ou accrochées à la paroi. Au bout de la montée, Alquézar et ses terrasses de bar très animées devant lesquelles il n’est pas possible de passer sans s’arrêter (il faut bien avouer qu’on y retrouve toujours les mêmes assoiffés !). Une fois le village visité, il est temps de prendre nos quartiers à l’Hosteria de Guara, située à Bierge, au cœur de la Sierra. Dessus de lits à volants fleuris, les chambrettes sont désuètes, et même si ce soir il y a pénurie d’eau, l’accueil est des plus cordiaux.  Regroupés côté bistrot, nous ouvrons les festivités par une sangria-apéro. Moment de détente et convivialité au cours duquel Annie et Alain D., emportés par l’euphorie du moment, font des aveux surprenants sur leurs tatouages de lapin et perroquet à des endroits très singuliers !

Le dîner est servi dans la salle de restaurant de l’hôtel, nappe et serviette en tissu,  paëlla au menu, rien à jeter ! tout à garder !

 

Vendredi 06 mai 2016 – Real de Mascύn : de Rodellar à Otίn

Départ de Rodellar. Nous avons l’impression d’être à la maison, un groupe de Damazan dans la rue nous croisons. Accélération pour les « semer », ils sont nombreux et prennent la même direction. Très vite nous trouvons le chemin qui déambule dans un paysage de rochers, parfois troués,  l’imaginaire humain y voit même un dauphin. Un passage dans un muret et là nous nous retrouvons au milieu d’une forêt de chênes démesurés, tellement énormes qu’il faut s’y prendre à plusieurs pour faire le tour des troncs. Etonné Michel s’interroge sur ce rapprochement boisé, Claude Sar . à l’humour toujours exacerbé lui suggère d’en profiter pour recharger … son portable !  Alain C., inspiré veut une photo groupée, rien pour poser l’appareil,  son côté bricoleur ressort, ses deux bâtons plantés et rapprochés deviennent support.  Arrivés à Otin, village abandonné, ses maisons en ruines, son église délabrée, ne nous gâchent pas le plaisir de nous ravitailler. Installés le long d’un muret, la pause est  écourtée, l’air et le vent sont frais … et puis il y a Damazan qui vient d’arriver !!!  En contrebas, un bar ! fermé pour cause d’ermite décédé ! pas de café, direction l’église de Nasarre… enfin presque !  suite à une orientation déboussolée, nous prenons le chemin des écoliers.  Le tir vite rectifié, la chapelle visitée, direction le Dolmen de Losa Mora. C’est encore avec quelques hésitations que nous arrivons à destination. Alain C., tel un menhir, campé sur la lourde pierre plate, entouré de ses « sujets », pose en photo pour la postérité !  Descente dans les éboulis, de quoi attraper le tournis, un simple relâchement et c’est l’affaissement ! A 18 heures, nous sommes attendus chez une copine d’Alain C., Montse, qui, aidée par sa fille Violetta, nous a préparé une super sangria.

Encore une belle journée même si le soleil a du mal à se montrer, re-sangria à l’hôtel et comme si nous avions fait un effort inhumain au dîner nous sont servis lasagnes et lapin (encore lui … mais ce n’est pas le même qu’hier !).

 

Samedi 07 mai 2016 – Pacos de Morrano – Fuentes de la Tamara y el Puntillo

La pluie tombe fortement, l’encadrement est sur les dents. Tout en préservant le programme de la journée, il faut s’adapter. A la présentation de la matinée, Alain évoque la présence d’espèces rupicoles. Personne n’ose demander « qu’est-ce que c’est ? » Seul Claude Sar. a sa définition « c’est quelqu’un qui picole dans la rue, comme moi avant ! » Nous partons de Morrano … en espérant ne pas trouver « Nadine » sur le camino ! Celui-ci serpente au milieu des oliviers et des amandiers qui semblent cohabiter depuis des centaines d’années.  L’ambiance est gaie, les langues déliées. D’abord sérieuses, certaines filles font une revue de presse internationale, sans épargner Trump l’américain qui a intérêt à se la fermer ; puis dans un délire collectif elles évoquent l’éventualité de se déplacer à l’avenir en car … seulement dans le cas où elles auront procédé au casting très poussé pour choisir le chauffeur. D’ailleurs, plus tard, accroché à une paroi, un éphèbe torse nu et bronzé apparaît … voilà bien un spécimen à caster ! Michel, encore lui, est toujours aussi proche de Claude Sar. et nous fait même une confidence « quand on ne nous voit plus, on s’en met un coup » (traduction : « quand on ne nous voit pas, on accélère le pas »). Une fois contourné la formation rocheuse surplombant le canyon, « el huevo », qui n’a rien d’un œuf mais plutôt  d’un gros tas de crêpes entassées, nous faisons face à cette barrière rocheuse où vivent les fameuses espèces rupicoles. En guise de guetteur, une grosse autruche affalée sur un arbre, c’est un des vautours du quartier qui s’envole lourdement à notre arrivée. Incroyable ! des rapaces à tous les étages ! Et pour mieux se montrer, ils s’envolent les uns après les autres toutes ailes déployées. Un ballet aérien, ne manque que le son d’un opéra wagnérien. Les pieds sur terre, la tête dans les airs, quelle féérie ! c’est inouï ! Revenus à l’hôtel, nous pique-niquons sous la tonnelle. Comme dit Claudette « qui regarde trop la météo passe sa vie au bistrot». Pas de temps à perdre, direction Salto de Bierge où nous nous engageons sur le chemin qui mène aux fontaines de la Tamara et del Puntillo. Mais pourquoi Fabienne est-elle déchaînée? devant, rien ne peut l’arrêter, son secret : nous marchons sur une piste aménagée « handicapés » ! Todo va bene !  les fleurs nous offrent leurs belles couleurs, les genévriers nous caressent les mollets, les rapaces se délassent… jusqu’au moment où  arrivés au gué nous devons le traverser. De gros blocs en guise de pas japonais … quelques uns passent en enjambant,  Fabienne prend son élan mais attirée par l’eau comme un aimant elle plonge son séant dans le tourbillon du torrent ! un seul rocher vous manque et tout est dépeuplé !  Une grande flaque aux eaux claires, le paradis sur terre ! grimpés sur les rochers nous découvrons les gorges aux formes spectaculaires … assis sur un banc, Claude Sar., Alain C, Serge, nous font un remake des vieux du Muppet’show, penchés sur leur bâton entre les jambes ils soupirent « Eh ! oui » ! Au loin, une naïade à moitié nue tente tant bien que mal de réparer les affres d’un naufrage incontrôlé … Tiens ! à l’arrivée il manque 3 égarés. Sûrement pris par une envie pressante, Michel et Claude Sar. ont pris la tangente … pas de pot, ils n’ont pas pu semer Alain D. qui s’est joint au duo.

Dîner « parillada » à l’Hosteria Sierra de Guara … une adresse vraiment extra !

 

Dimanche 08 mai 2016 – Ermita de San Martin

Mystère ! ce matin nous avons rendez-vous avec Tito, un ermite des temps modernes, qui doit nous divulguer un secret. Nos voitures s’enfoncent dans un chemin  défoncé, au bout une maison délabrée, manifestement notre arrivée est annoncée. Notre homme, à l’aspect plutôt négligé, s’exprime en français avec un léger accent étranger. Barbe fleurie, bonnet sur la tête enfoncé, poignard au ceinturon, le regard est vif, les propos écolos. Une page blanche, un stylo, il nous dessine dans les moindres détails l’itinéraire à emprunter pour accéder à l’ermitage par sa propriété privée. Bien qu’il évoque la présence de chaînes et un sérieux dénivelé, à ce moment là personne ne percute sur la difficulté du trajet.  Le premier, puis le deuxième indice passé, nous nous enfonçons dans les entrailles du canyon. C’est du sérieux, Claude Sal. assure et même déjoue le piège dans lequel nous avons failli tomber ! « Après les deux pitons, surtout prendre les escaliers dans la roche creusés » a bien précisé Tito… Jean-Marie n’a sûrement pas tilté ! Encore des vautours agités … une pluie fine commence à tomber, ce n’est pas pour arranger notre descente assez risquée ! et dire qu’il faut remonter ! Une fois passé la passerelle qui enjambe le rio, de l’autre côté l’ermitage est un peu plus haut. Tout çà pour çà ! Blotti au pied d’une muraille vertigineuse, il ne faut que quelques minutes pour visiter l’ermitage de San Martin et penser à l’ermite qui n’avait pas intérêt à oublier le pain ! Malgré un tenace crachin, toujours sous le regard protecteur et l’entraide de quelques uns de nos compagnons de chemin, le retour se passe plutôt bien, même très bien. A tel point que nous explosons la prévision de Tito qui nous avait annoncé 4 heures de rando … alors que nous en avons mis à peine 3.  A tous et à toutes, bravo !

Un dernier déjeuner sous la tonnelle à l’hôtel, il est temps de ranger notre attirail et rentrer au bercail.

 

Récit d’Annie, marcheuse d’Accro Rando